Rencontres & Confidences

Entretien avec Laure Rebois, la fondatrice et directrice de C2Laure Communication

09:36:00 Belle Enceinte 0 Comments



BE : Quel souvenir gardez-vous de votre grossesse Laure?

LR : Je garde un très mauvais souvenir de ma grossesse, même si paradoxalement aujourd’hui je donnerais tout pour revivre ces mois, ou du moins une seule journée.

BE : On évoque en règle générale cette période comme une période « de sérénité et de joie », peut-être à tort ?

LR : La grossesse dure neuf mois, cela peut paraître long, nous avons l’impression d’avoir largement le temps de nous préparer et finalement, en ce qui me concerne, ces neuf mois étaient une limite minimale pour que je puisse me préparer mentalement et physiquement. Un temps nécessaire pour comprendre et intégrer ce qui nous arrive…

BE : En quoi cette période était aussi difficile pour vous ?

LR : Quand j’évoque « une mauvaise expérience », c’est parce que nous sommes face à l’inconnu, on a beau entendre les témoignages d’autres femmes, cette expérience sera de toute façon unique pour nous. Chaque grossesse est différente…

BE : Est-ce que vous avez su clairement identifier vos peurs ?

LR : J’ai eu deux phases de crainte. La phase 1 : la peur de la grossesse. La phase 2 : la peur de la maternité. Il y a eu aussi la peur de ne pas savoir que c’est « LE » bon moment, alors que quand cela m’est arrivé, je n’avais aucun doute ! Je savais que le moment de l’accouchement était arrivé.

BE : Peut-on se « préparer » à devenir mère ?

LR : On ne se prépare pas, on apprend au quotidien, jusqu’au moment de découvrir la petite tête de son enfant et l’apprentissage continue toujours après !

BE : Est-ce qu’il y a eu un moment où s’est fait naturellement une véritable « connexion » entre vous et votre enfant ?

LR : On dit qu’il faut créer le lien avec l’enfant, personnellement je ne me voyais pas parler à mon ventre… jusqu’à ce que je ressente pour la première fois « des petites bulles » dans mon ventre.

BE : Une première émotion à travers « ces petites bulles ». Est-ce qu’il y a eu d’autres moments forts ?

LR : Il y a eu aussi l’échographie et la visualisation du « petit point blanc sur le fond noir », et quand j’ai vu ça, c’est comme s’il y avait eu enfin un déclic ! L’information est arrivée au cerveau… À ce moment-là, j’ai commencé enfin à toucher mon ventre et à lui parler.

BE : Laure, vous êtes chef d’entreprise, comment avez-vous réussi à gérer la grossesse avec vos activités ?

LR : Je ne me voyais pas arrêter ma carrière. C’est comme si j’avais deux bébés en même temps, celui dans mon ventre et ma société. Je devais combiner au mieux les deux, d’autant plus que le bébé entraîne un besoin de finances nécessaires. J’ai choisi d’être mère en travaillant à mon compte, malgré toutes les difficultés, afin d’être auprès de ma fille par la suite.

BE : Est-ce que vous avez l’impression d’être une femme « différente » de celle que vous étiez avant votre grossesse ?

LR : Totalement. Je ne suis pas la même femme qu’auparavant. Aucune femme ne peut rester la même, il y a un « avant » et un « après » la grossesse. On découvre qui nous sommes réellement pendant cette période.

BE : Il paraît que porter un enfant dans son ventre donne une force incroyable à la mère, quel était votre sentiment ?

LR : Porter un enfant dans son ventre donne en effet une force incroyable et, aujourd’hui encore, ma fille Éloïse, « ce sont mes ailes » !

BE : Pendant la grossesse, quelle était votre manière de vivre « en sérénité » cette période ? Avez-vous suivi des cours particuliers ?

LR : Une sophrologue m’a donné des fichiers audio de relaxation que j’écoutais parfois et j’ai eu des entretiens avec une sage-femme à domicile.


BE : Et physiquement, est-ce qu’avec le changement de votre corps, vous vous sentiez toujours féminine ? Est-ce que vous vous sentiez « belle enceinte » Laure ?

LR : Non, je ne me sentais pas « belle enceinte ». Je n’étais pas à l’aise dans mon corps, tous ces changements physiques font peur. En revanche, le regard « extérieur » est plutôt bienveillant, je crois que les gens trouvent une femme enceinte belle naturellement, mais je ne me sentais pas cette femme-là.

BE : Quelles étaient vos astuces, vos petits moments de bonheur pendant cette période ?

LR : Mon astuce, c’était l’huile d’olive ! C’était mon rituel quotidien d’enduire mon corps et de me faire masser, une vraie connexion avec mon bébé. J’avais l’impression de masser mon enfant en même temps. Ça me permettait de me réapproprier mon corps et je n’ai eu aucune vergeture !

BE : Et le père dans tout ça ? Est-ce qu’il a su trouver sa place facilement ?

LR : Je répondrai par une question plutôt : est-ce qu’on arrive facilement à donner une place au père ? Parce que le lien entre la mère et l’enfant est tellement fort du fait déjà qu’on le porte dans notre ventre. Le père de ma fille était plein de bonne volonté pour m’épauler, mais j’avais besoin d’être constamment présente aussi auprès de ma fille pour contrôler, vérifier, me rassurer alors que je sais que c’est un papa super ! Il avait plus d’expérience que moi, car il a déjà eu un enfant.

BE : Et est-ce que l’accouchement faisait partie de vos craintes ? Comment vous êtes-vous « préparée » à ça ?

LR : Oui, évidemment que j’avais peur de l’accouchement, mais je me suis interdit de regarder quoi que ce soit sur Internet, j’ai posé très peu de questions et j’ai décidé de faire confiance aux médecins et aux sages-femmes. Je me souviens parfaitement de la phrase des médecins : « Ça y est, elle arrive.»  À cet instant, j’ai vu ma vie défiler, je n’avais pas pleuré depuis vingt-cinq ans et à cet instant précis j’ai fondu en larmes. C’est comme si j’avais besoin de me « purifier », « nettoyer » de tout, afin d’être « propre » à son arrivée…
Je serais même « prête à revivre mon accouchement » aujourd’hui !
J’ai eu la chance de pouvoir accoucher par voie basse sans complication et quand on m’a posé ma fille sur moi, je n’avais pas l’impression qu’on me présentait quelqu’un, c’est comme si elle avait été toujours là !

BE : Aujourd’hui, votre fille Éloïse à un an et demi, est-ce que vous êtes une maman épanouie Laure ?

LR : Oui ! j’avais peur de ne pas être celle que je suis finalement. « Rien ne vaut le sourire de son enfant quand on vient le chercher dans son lit ! »

BE : Un conseil pour une future maman ?

LR : Croire en elle, croire en son enfant ! C’est comme un couple, un travail qui se fait à deux. Il faut s’apprivoiser, il faut s’aimer, alors avant tout croire en elle et en l’être qu’elle porte parce que la maternité on la vit seule, même en étant entourée.
C’est une communion entre la mère et son enfant, tout le parcours va se faire désormais à deux.


BE : Merci infiniment Laure pour ce partage.

Belle Enceinte

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